François Gabart est en train d’assembler au sein de ses locaux le M101, un bateau trimaran de près de 31 mètres destiné à naviguer entre 40 et 50 noeuds. L’objectif pour celui qu’on appelle le « Petit Mozart de la voile », c’est de gagner avec ce nouveau Ultime la route du Rhum et de battre le record du tour du monde à la voile.
Un bateau pour battre des records de vitesse
Bien qu’il se soit construit une solide réputation sur les océans, grâce à un palmarès impressionnant, François Gabart n’a plus de sponsors. Macif, son partenaire historique, a fait le choix de l’abandonner en pleine crise sanitaire, après 10 ans de collaboration. Loin de se laisser abattre, son entreprise construit désormais un nouveau trimaran. C’est avec pas moins de 50 salariés que le skipper assemble son bateau depuis plusieurs mois. Pour l’instant, le M101, entièrement pensé par François Gabart, en est au stade du puzzle. Il s’agit de connecter toutes les pièces. Mais son concepteur lui promet un bel avenir.
Cette machine volante grâce à des foils, des appendices de carbone qui soulèvent le bateau hors de l’eau pour augmenter sa vitesse, a été spécialement conçue pour battre des records de vitesse. François Gabart est fasciné par l’idée qu’un bateau puisse se déplacer, uniquement par la force du vent, à plus de 100 km/h. Il compte encore plus développer cette technologie.
L’équipe tient à garder quelques secrets de conception, notamment sur la manière dont sont conçus les appendices et les foils. Ce que l’on peut savoir dès maintenant, c’est que les marins seront protégés grâce à une cellule de vie intégrée à la coque centrale. Une fois le cockpit fermé, rien ne dépasse, dans le but d’améliorer l’aérodynamisme du bateau. Il n’a d’ailleurs pas de rouf, car tout ce qui peut représenter un frein à sa vitesse doit être gommé ou atténué. Le M101 sera aussi pourvu d’une dérive aile de raie et de longs flotteurs très effilés. Côté gréement, la construction est classique avec un mât pivotant et des voiles. Il sera doté d’un moteur électrique, mais aussi d’éoliennes et de panneaux solaires.
Trimaran recherche son partenaire particulier
Le point négatif, c’est que pour le moment, le bateau n’a aucun capitaine. Le propriétaire, la Macif, l’ancien sponsor de François Gabart, cherche à le vendre, tandis que le jeune prodige espère trouver un ou plusieurs partenaires pour l’acheter. Dans tous les cas, peu importe l’avenir, le directeur de MerConcept entend bien finir la construction de son bateau, même s’il n’a aucune certitude d’avoir le budget pour l’exploiter une fois qu’il sera prêt à être mis à l’eau, l’été prochain.
Pour le moment, le groupe Macif ne s’est pas retiré de la construction de ce grand Trimaran, il devrait donc aider l’entreprise jusqu’en juin 2021. François Gabart espère lui, de son côté, pouvoir mener son trimaran. Le plus gros risque serait que l’Ultime parte ailleurs, en étant guidé par un autre skipper. La mise à prix pour l’instant du bateau serait d’au moins 16 millions d’euros.
Pour espérer garder son M101, François Gabart passe la moitié de ses journées à rechercher de nouveaux sponsors et des mécènes. Si le trimaran ne se retrouve pas confié à un autre propriétaire, François Gabart compte tenter un tour du monde en 2021 avec un équipage, le bateau étant capable d’accueillir six marins, mais aussi la Route du Rhum en 2022 et un tour du monde en solitaire.
Un trimaran conçu dans de nouveaux locaux
C’est dans des locaux de pas moins de 3 000 mètres carrés que François Gabart joue au Frankenstein de la voile. Un bâtiment complètement neuf, qui s’étend sur trois étages. Un tel espace a forcément eu un coût conséquent : 3 millions d’euros. Il est défini comme le siège d’une entreprise à missions, c’est-à-dire que ses statuts juridiques imposent des conditions sociétales et environnementales.
Pour le skipper, l’innovation est primordiale, mais à condition qu’elle soit durable. Il souhaite que son bateau soit un vecteur de transformation pour aider à la transition vers un monde plus vertueux d’un point de vue environnemental.